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ISTORIQUE
Le
stress est indissociable de la vie. Il existe depuis le début
du
monde.Les hommes se sont certainement
rendus compte très
tôt que sous l’effet de certaines émotions
leur
cœur s’accélérait, leurs mains
tremblaient ou la
sueur perlait sur leur visage. Savoir décrypter ses
émotions
et celles des autres facilitait la survie Les expressions
populaires conservent intacte cette sagesse humaine en associant les
émotions au langage corporel.
Si le stress est vieux
comme le monde, l’étude de ses mécanismes
et de ses
conséquences est beaucoup plus récente.Au
milieu du
dix-neuvième siècle, vers 1860 le médecin et
physiologiste français
Claude
Bernard démontre les
capacités des êtres vivants à se maintenir
en
équilibre et à stabiliser leur milieu
intérieur. Il
définit ainsi le concept de l’homéostasie
même
s’il n’a pas inventé le mot.
En 1872,
Darwin
publie son célèbre ouvrage sur
« l’expression
des émotions chez les hommes et les
animaux ».
Au
tout début du vingtième siècle,
Sir William Osler,
cardiologue canadien vivant aux Etats-unis souligne de façon
prémonitoire les effets possibles du stress sur le
cœur
alors que rien n’avait été
découvert de
façon précise sur les mécanismes exacts du
stress : « Exercer un métier
à haute
responsabilité augmente le risque de maladie cardiaque
».
Quelques
années plus tard,
Walter
Cannon, physiologiste américain,
décrit les réactions physiologiques
provoquées par
certaines émotions (peur, colère). Dès 1911
il observe la
stimulation des glandes médullosurrénales sous
l’effet
de la peur. En 1915, il émet pour la première fois la
célèbre sentence “Fight or
Flight” pour
décrire les deux réponses possibles à un
stress :
« fuir ou combattre ».
Il
invente le mot
homéostasie et en développe le concept : un
organisme
sollicité par certaines contraintes extérieures tend
à
produire des réponses adaptatives. Ces réponses
adaptatives
ont un coût énergétique
élevé et
l’organisme doit donc fournir des réactions
physiologiques
parfaitement coordonnées capables de lui fournir
l’énergie suffisante pour réagir et pour
garantir la
stabilité de son milieu intérieur.
En 1928,
Cannon parle
de stress émotionnel, il insiste sur le rôle des
facteurs psychologiques (émotions) dans les processus
d’adaptation. Pour lui, la réponse au stress fait
partie
d’un système unifié corps-esprit dans
lequel
l’excitation physiologique et l’expérience
émotionnelle sont concomitantes : le stimulus qui
déclenche
une émotion agit simultanément au niveau du cortex et
repose
sur un ensemble de régulations coordonnées. Il publie
à
cette époque un ouvrage intitulé
« la sagesse du
corps ».
En 1931,
il
découvre la substance
chimique responsable de l’action du système
sympathique : il la nomme Sympathine ; nous
l’appelons
maintenant
Noradrénaline.
Hans Selye est
considéré comme le père du stress
même si bien
d’autres chercheurs avaient travaillé sur le sujet
avant
lui. Médecin spécialiste en endocrinologie et
chercheur
à l’université Mac Gill de
Montréal, Selye
va faire du stress un concept majeur à la fois en
médecine et
en psychologie.
Dès 1936,
il décrit une série
de réactions biologiques et physiologiques survenant sous
l’effet de divers facteurs de stress : mise en jeu de
l’axe
hypothalamo-hypophyso-surrénalien entraînant la
sécrétion de cortisol, activation du système
nerveux
sympathique provoquant la stimulation de la
médullosurrénale
responsable d’une sécrétion
d’adrénaline et
de multiples réactions viscérales. Selye conclut
alors que
toutes ces manifestations hormonales et neurologiques sont des indices
objectifs de la réponse du corps au stress et il
définit le
stress comme «
la
réponse non spécifique de
l’organisme à toute demande d’adaptation
qui lui est
faite ».
En 1946,
Hans Selye
décrit de
façon globale les réactions de l’organisme
au stress
sous le terme de «
syndrome
général
d’adaptation » dont il
distingue trois phases : la
phase d’
alarme
ou phase de choc, la phase de
résistance
et
la phase d’
épuisement.
En
1974, afin de ne pas
donner au stress un sens univoque, Selye distingue «
l’eustress », qui s’accompagne
d’agrément
et de bien-être, et le « distress »,
désagréable, insupportable et qui se traduit souvent
par un
sentiment de détresse. La psychologie de la santé
s’intéresse essentiellement au « distress
» qui,
par ses effets négatifs, a des répercussions sur la
santé, en particulier par l’intermédiaire
des facteurs
de risque.
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Tous ces travaux sur
le stress ont ainsi
mis en
évidence les modifications biologiques et organiques
provoquées par des agents stressants au travers du
système
nerveux autonome et du système neuroendocrinien. Cette
conception
biologique du stress a ainsi dégagé une
compréhension du
stress comme un état de dysharmonie ou de menace à
l’homéostasie. La réponse de
l’organisme peut
excéder ses capacités d’adaptation et, dans
ce cas,
peuvent apparaître les maladies de l’adaptation.
A
la suite des découvertes fondamentales de Claude Bernard, de
Walter Cannon, de Hans Selye, bien d’autres avancées
ont
été faites. Depuis les travaux de Hans Selye
plus de 120.000
travaux scientifiques ont été publiés sur le
stress.
A
partir de 1970, la définition même du stress
s’est
élargie : on est passé
d’un
modèle purement
physiologique et biologique à un modèle plus
complexe, mais
plus proche de la réalité :
le
modèle
biopsychosocial.
Dans un premier temps,
des travaux ont
montré
que les réactions au stress sont modulées selon
l’importance des facteurs émotionnels ;
c’est ainsi
que le stress a été envisagé comme un
processus
multifactoriel définissant un système
d’interdépendance entre des composantes affectives,
cognitives, sensorielles, endocriniennes, comportementales et sociales.
Au modèle biologique linéaire se substitue donc un
modèle plus complexe et dynamique qui privilégie le
rôle
des interactions entre une multiplicité de facteurs pour
expliquer
l’impact d’un événement stressant
sur
l’organisme.
Dans cette
perspective, le
stress a
été défini, en 1984 par Lazarus et Folkman,
comme «
une transaction entre la personne et l’environnement dans
laquelle la situation est évaluée comme
débordant les
ressources d’un individu et pouvant mettre en danger son
bien-être ». Ainsi l’individu peut
être
considéré comme un acteur capable de moduler
l’impact
des agents stresseurs par des stratégies cognitives,
émotionnelles et comportementales.
Dans le
même temps
et en parallèle à cette évolution sur la
compréhension psychologique du stress,
les progrès
des
neurosciences ont permis de mieux étudier et de
mieux
comprendre
les phases initiales des réactions de stress : en
effet avant
de mettre en jeu des réactions hormonales, le stress provoque
des
réactions émotionnelles.
La
toute première
étape de la cascade qui engendre les réactions
biologiques au
stress est en réalité
l’interprétation
subjective
du stimulus. Elle se fait surtout grâce
à des
structures
cérébrales que l’on nomme le cerveau
limbique qui
reçoit des informations des régions sensorielles de
notre
cerveau et transmet des signaux vers d’autres zones
cérébrales.
Le
cerveau
limbique est la plaque
tournante de
notre ressenti émotionnel et il joue aussi un rôle
fondamental dans la mémoire.Depuis
les
travaux initiaux
sur le stress nos connaissances ont beaucoup
évolué :
aujourd’hui le
stress est un
phénomène
à la fois
biologique, psychologique et social, qui met en jeu notre
organisme
dans sa globalité (corps et cerveau) et
qu’il se
situe
à la
frontière
avec notre
monde émotionnel
et
notre mémoire.Revenir en
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