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Mesures d'éducation Thérapeutique appliquées au stress en Cardiologie

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LE STRESS : DEFINITIONS ET MESURES

Bien que le terme « stress » soit, sans doute, un des mots les plus employés dans le monde, ce concept très galvaudé semble assez flou. Sa définition actuelle et ses méthodes de mesures sont parfois mal connues.

COMMENT DEFINIR LE STRESS ?

Dérivé du latin « stringere » (étreindre, serrer) ce mot anglo-saxon utilisé en physique pour désigner une contrainte, est surtout employé en physiologie, en médecine, en psychologie de la santé : il définit ici un état d’émotion, d’anxiété et de détresse éprouvé dans des situations de tension, d’incertitude, d’événement inattendu.

Nous retiendrons ici les deux conceptions essentielles du stress utilisées en psychologie de la santé : la conception physiologique et la conception biopsychosociale.

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La conception classique physiologique du stress

En 1927, W.B Cannon développe la première théorie du stress qu’il définit comme une réaction physiologique liée aux émotions et visant à rétablir l’homéostasie. Pour lui, la réponse au stress fait partie d’un système unifié corps/esprit dans lequel l’excitation physiologique et l’expérience émotionnelle sont concomitantes , donnant lieu à un modèle de réaction comportementale appelé « fight or flight » (fuir ou combattre).

Dès 1946, Hans Selye, à l’université Mac Gill de Montréal, va faire du stress un concept majeur à la fois en médecine et en psychologie. Il décrit une série de réactions biologiques et physiologiques survenant sous l’effet de divers facteurs de stress : mise en jeu de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien entraînant la sécrétion de cortisol, stimulation de la médullosurrénale responsable d’une sécrétion d’adrénaline, activation du système nerveux sympathique entraînant de multiples réactions viscérales.

H. Selye conclut alors que toutes ces manifestations hormonales et neurologiques sont des indices objectifs de la réponse du corps au stress et il définit le stress comme « la réponse non spécifique de l’organisme à toute demande d’adaptation qui lui est faite ».

En 1956, Selye désigne cette réponse globale sous le terme de « syndrome général d’adaptation » dont il distingue trois phases : la phase d’alarme ou phase de choc, la phase de résistance et la phase d’épuisement.

En 1974, afin de ne pas donner au stress un sens univoque, Selye distingue « l’eustress », qui s’accompagne d’agrément et de bien-être, et le « distress », désagréable, insupportable et qui se traduit souvent par un sentiment de détresse. La psychologie de la santé s’intéresse essentiellement au « distress » qui, par ses effets négatifs, a des répercussions sur la santé en particulier par l’intermédiaire des facteurs de risque.

Cette théorie du stress met ainsi l’accent sur le caractère non spécifique de la réaction exercée sur l’organisme, indépendante de l’agent stresseur. Il s’agit d’un modèle biologique fondé sur le schéma stimulus-réponse.

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La conception actuelle biopsychosociale

Dès la fin des années 70, Les travaux développés en psychobiologie et en psychologie de la santé ont abandonné le modèle physiologique dans sa conception linéaire et uniciste.

Dans un premier temps, des travaux ont montré que les réactions au stress sont modulées selon l’importance des facteurs émotionnels ; c’est ainsi que le stress a été envisagé comme un processus multifactoriel définissant un système d’interdépendance entre des composantes affectives, cognitives, sensorielles, endocriniennes, comportementales et sociales. Au modèle biologique linéaire se substitue donc un modèle plus complexe et dynamique qui privilégie le rôle des interactions entre une multiplicité de facteurs pour expliquer l’impact d’un événement stressant sur l’organisme.

Dans cette perspective, le stress a été défini, en 1984 par Lazarus et Folkman comme « une transaction entre la personne et l’environnement dans laquelle la situation est évaluée comme débordant les ressources d’un individu et pouvant mettre en danger son bien-être » L’individu est donc considéré comme un acteur qui peut moduler l’impact des agents-stresseurs par des stratégies cognitives, émotionnelles et comportementales.

Cette conception a dégagé la notion de stress perçu. Alors que le stress objectif est considéré à partir des stresseurs externes, définis comme des facteurs déclenchants, le stress perçu est lié à l’évaluation qu’en fait chacun en tant que menace ou défi pour lui- même. Ce qui est stressant, c’est « la discordance ressentie entre les ressources existantes et perçues comme insuffisantes et les contraintes de la situation ».

Le stress perçu est influencé par deux types de facteurs :
  1. des facteurs personnels qui peuvent être cognitifs, motivationnels ou dispositionnels (affectivité positive, internalité, anxiété, dépression)
  2. des facteurs situationnels (imprévisibilité, ambiguïté, incontrôlabilité)
Les sources du stress sont multiples : individuelles (maladie, handicap), familiales, professionnelles (relations hiérarchiques, type de profession), sociales (conditions de vie, niveau socioéconomique, ethnie)

En dégageant les diverses composantes cognitives et émotionnelles du stress, l’approche biopsychosociale met l’accent sur le fait que l’évaluation subjective est plus importante que les faits objectifs.

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COMMENT MESURER LE STRESS ?

En parallèle à l’évolution de la définition du stress qui est passé d’un modèle biologique uniciste à un modèle biopsychosocial holistique, les mesures du stress ont progressivement évolué d’échelles objectives vers des échelles subjectives.

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Les mesures du stress objectif

s’intéressent à trois situations :

1) Les événements de vie majeurs :

La première échelle de mesure et la plus connue, très utilisée car d’application facile, est celle de Holmes et Rahe, fondée sur une liste des 43 événements de vie les plus fréquemment rencontrés. Il en existe d’autres, telle celle de « l’Inventaire des expériences de vie » de Cochrane et Robertson, qui auto-évalue 55 événements de gravité standard.

Face aux problèmes méthodologiques rencontrés par ces différentes méthodes de mesure, d’autres échelles ont été construites pour mesurer le stress lié aux événements mineurs et celui lié au rôle social de l’individu.

2) Les événements mineurs liés aux soucis de la vie quotidienne :

Lazarus et Folkman ont montré que les soucis ou tracas de la vie quotidienne sont source de stress par la nécessité de transactions permanentes de l’individu avec son environnement. Partant de cette constatation, en 1981, Kanner a mis au point « l’échelle des soucis quotidiens » après avoir montré une corrélation forte entre tracas de la vie quotidienne et symptômes psychologiques. Cette échelle a par ailleurs une meilleure valeur prédictive sur la santé que celles utilisant les événements de vie majeurs.

3) Les tensions liées aux rôles sociaux des individus :

L’échelle construite par Pearlin et Lieberman en 1979 repose sur l’hypothèse que la plupart des difficultés rencontrées par les individus sont avant tout liées à quatre rôles sociaux, sources de stress chronique : le rôle de conjoint, le rôle de parent, le rôle de gestionnaire, le rôle social. Selon ces auteurs le score total de tension a un caractère prédictif de la survenue de divers symptômes psychologiques et somatiques ultérieurs.

Ces mesures quantifient un stress objectif qui ne tient pas compte du retentissement particulier d’un événement sur une personne donnée. C’est ainsi que sont nées d’autres échelles mesurant l’impact subjectif des événements de vie.

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Les mesures du stress subjectif

Elles reposent sur l’idée que dans une situation stressante, l’évaluation qu’on en fait, la manière de la ressentir, sont plus importantes que l’événement lui-même. Ces mesures sont centrées sur la notion de stress perçu.

Ces échelles qui portent sur diverses situations stressantes de la vie (hospitalisation, traitements de pathologies graves, contrainte liées aux taches professionnelles) ont permis ainsi de montrer que c’est le stress perçu qui constitue un élément prédictif de soucis de santé, ce d’autant qu’il existe un faible soutien social et un faible contrôle perçu. Dans ce sens, le stress perçu est un facteur plus prédictif que le stress « réel ».

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