MEDITAS
Mesures d'éducation Thérapeutique appliquées au stress en Cardiologie

Coeur MEDITAS - Retour au sommaire
Retour à l'accueil

NOTIONS DE BIOLOGIE

Les réactions de stress sont une suite de phénomènes qui se déroulent en cascade et il est possible de les étudier de leur origine à leur expression corporelle.

Ces réactions ne sont pas bonnes ou mauvaises, positives ou négatives, bénéfiques ou néfastes : elles existent…

Elles ont pour but final de nous préserver (conservation vitale). Ce qui est néfaste, ce n’est pas notre système de réponse vis-à-vis du stress (ce système est simplement présent pour nous permettre de nous adapter), c’est l’utilisation que nous pouvons en faire.

La réponse est soit néfaste quand les capacités d’adaptation sont dépassées ou quand le processus n’avait pas à être déclenché, soit bénéfique quand cette réaction produit une adaptation indispensable pour l’organisme, lui permettant de retrouver son équilibre.

" Le  Stress est une réponse non spécifique de l’organisme à tout événement perçu réel ou imaginaire et nécessitant une réaction d’adaptation ou produisant une contrainte " R.S. ELIOT

  1. C’est une réponse non spécifique (et stéréotypée) : les stimulations qui peuvent provoquer la réponse sont extrêmement multiples, diverses, simples ou sophistiquées mais de toutes façons la réponse sera univoque et standardisée. C’est un peu comme si un ordinateur très sophistiqué ne pouvait répondre que par oui ou non  

  2. Elle touche l’organisme dans son ensemble : tout l’être y participe, aussi bien le corps que l’esprit. C’est une réaction biologique, émotionnelle et cognitive.

  3. L’événement peut être réel ou imaginaire : c’est la grande caractéristique de l’être humain qui est doué d’imagination et de mémoire : le stress peut être provoqué par un événement réel (qui sera apprécié de façon variable par chaque individu… je peux être stressé par une souris et pas vous…) mais en plus le stress peut être provoqué par le souvenir d’une situation ou l’imagination d’un événement (je suis stressé par le souvenir de mon grave accident de voiture… et je me stresse quand je pense à l’entrevue que je dois avoir demain pour demander une augmentation de salaire !!!)
La réaction au stress est un processus d’adaptation qui est à la base de l’évolution et qui doit permettre quand elle se déroule normalement  un retour à  un nouvel équilibre.

Les manifestations de cette réponse au stress sont multiples et vont intéresser tout notre corps et tous nos organes : par exemple si je suis stressé mon cœur s’accélère, ma respiration s’accélère aussi, ma peau peut rougir ou blanchir, je peux me mettre à transpirer…etc, mais au final toutes ces réactions ont pour but de me maintenir en vie :

  1. En permettant à mon corps de rentrer en action (Fight or Flight)

  2. En  assurant mon  autonomie par rapport à l’environnement

  3. En  assurant la conservation de la structure de l’organisme (Homéostasie)

HautRevenir en haut de la page
COMMENT CELA SE PASSE T-IL ?

Imaginons notre organisme comme un réseau complexe de personnes travaillant dans le même but : nous maintenir en vie et en état de fonctionnement efficace. Ces personnes vont devoir communiquer entre elles. Elles le feront soit par téléphone, soit par la poste.

Au niveau corporel, c’est un peu la même chose. La communication se fera soit par transmission d’un influx nerveux électrique très rapide, soit par une transmission chimique un peu plus lente.
 
Par exemple quand je veux bouger le bras, mon cerveau envoie un ordre qui se transmet électriquement jusqu’au muscle. En revanche si j’ai faim ou que je mange la régulation pour obtenir un niveau de sucre constant dans l’organisme se fera de façon chimique.

Nos réactions au stress vont donc utiliser ces deux voies de communication.

La voie nerveuse rapide est celle du système sympathique et la voie plus lente chimique correspond à l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien. Ces deux voies de communication aboutissent à la sécrétion des hormones du stress : adrénaline et noradrénaline pour le système sympathique, corticoïdes pour l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien.


HautRevenir en haut de la page
Le système nerveux sympathique


Le système nerveux sympathique fait partie avec le système nerveux parasympathique de ce que l’on appelle le système nerveux autonome. Comme son nom l’indique, cela signifie que nous n’avons pas de possibilités de le commander par la volonté : j’ai la possibilité de bouger un bras ou une jambe, mais je ne peux pas, de par ma volonté, ralentir ou accélérer mon cœur ou encore décider d’arrêter les mouvements  de mon tube digestif.

Ce système nerveux sympathique et para sympathique innerve la totalité de notre organisme : cœur, vaisseaux, estomac, intestin, bronches, vessie, certains sphincters, peau, pupille.

En cas de situation jugée stressante par certaines zones cérébrales indépendantes de notre volonté (hypothalamus, cerveau limbique), ce système nerveux sympathique est excité, ce qui est à l’origine de deux types de réactions :
  1. au niveau de tous les organes innervés, il provoque une excitation grâce à la sécrétion par les terminaisons nerveuses d’une hormone appelée la noradrénaline
  2. l’excitation du sympathique provoque également la mise en jeu de la partie centrale des glandes surrénales (la médullosurrénale). Ceci entraîne la sécrétion d’une autre hormone (adrénaline) qui peut se distribuer non plus exclusivement à un seul organe localement, mais être mise en circulation pour tout l’organisme.
L’action conjointe  de ces hormones (adrénaline et noradrénaline) au niveau des organes et dans le corps en général provoque toute une série de réactions corporelles :
  1. augmentation de la fréquence cardiaque
  2. augmentation de la fréquence respiratoire
  3. dilatation des vaisseaux des muscles
  4. constriction des vaisseaux de la peau
  5. augmentation de la transpiration
  6. moindre sensibilité à la douleur (analgésie)
  7. dilatation pupillaire
  8. augmentation du tonus musculaire
  9. diminution du temps de coagulation
  10. mobilisation d’énergie
    • augmentation de captage du sucre par les muscles
    • augmentation du métabolisme du sucre dans le foie
  11. diminution des autres voies consommatrices d’énergie
    • diminution de la digestion
    • diminution de la croissance
    • baisse de l’immunité
    • baisse de la libido
Cette série de réactions, qui semblent à priori très compliquées, concoure en fait à un seul objectif : préparer à la lutte ou à la fuite.

Pour me battre ou fuir, il vaut mieux que mon cœur batte vite, que j’ai du tonus musculaire, que je ressente moins la douleur, que je ne saigne moins si je suis blessé, que mes yeux voient bien (pupille). Il n’y a pas de place dans ces moments là pour digérer ou faire un petit câlin…

Cette réponse par le système sympathique est normalement une réponse à court terme. Elle entraîne une mobilisation d’énergie en vue d’une dépense immédiate : c’est la réponse que va mettre en jeu la gazelle poursuivie par une lionne… si elle parvient à échapper au danger la réaction cesse très rapidement… la gazelle contrairement à l’être humain ne va pas ressasser le danger pendant toute la journée et de plus elle aura dépensé l’énergie mobilisée par une course… alors que si mon supérieur hiérarchique me stresse il est rarement possible d’enfiler un short et de faire le tour du quartier en courant…

HautRevenir en haut de la page
L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien


Ce mot est un peu compliqué… il rend compte du fait qu’il existe une liaison chimique entre l’hypothalamus et l’hypophyse situés dans le cerveau, et une partie des glandes surrénales situées au dessus des reins.

Comme il avait stimulé le système sympathique, l’hypothalamus va sécréter une substance appelée CRH qui va stimuler l’hypophyse. L’hypophyse est la zone de régulation de toutes nos secrétions hormonales et sous l’effet du CRH, elle secrète elle-même une substance (ACTH) qui va activer la corticosurrénale. La corticosurrénale (la partie périphérique de la glande surrénale) va alors sécréter des glucocorticoides.

Les glucocorticoïdes vont agir sur le métabolisme des sucres et des protéines de notre organisme.

D’autres glandes endocrines comme la thyroïde, le pancréas et le système immunitaire (thymus) sont également stimulées par l’hypophyse.
 
Ces mécanismes complexes ont en fait un objectif simple : assurer une adaptation à plus long terme de notre organisme face à une situation considérée comme stressante.

Ces deux systèmes complémentaires agissant a priori à court terme (système sympathique) et à plus long terme (axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien) sont connus depuis plus de 50 ans et en 1946 Hans Selye a décrit le syndrome général d’adaptation qui résume ces différentes phases de réaction au stress.

HautRevenir en haut de la page
LE SYNDROME GENERAL D'ADAPTATION COMPREND PLUSIEURS PHASES

Syndrome général d'adaptation de Selye


HautRevenir en haut de la page
La phase d'alarme

Elle est appelée phase émotionnelle en raison de la richesse des réactions psychologiques. Elle réalise une mobilisation consciente et inconsciente de l’individu à la fois psychique et biologique. Cette phase est très variable en intensité et aussi en durée.

Elle est le plus souvent très courte et elle est habituellement marquée par une expression émotionnelle : inquiétude, angoisse.

C’est la classique "décharge d’adrénaline" : tachycardie, accélération respiratoire, sueurs, sécheresse de la bouche, agitation et tremblements ou immobilisation.

Parfois mais exceptionnellement, elle peut être beaucoup plus sévère et durer de quelques minutes à vingt quatre heures : C’est la phase de choc bien connue des réanimateurs et décrite en pathologie de guerre : tachycardie, hypotension, hypotonie, anurie, dépression du système nerveux.

Cette phase de choc peut être exceptionnellement mortelle, comme si l’organisme avait utilisé toutes ses réserves énergétiques en quelques minutes ou quelques heures.

Sinon apparaît une phase de contre-choc, avec mise en jeu des moyens de défense en particulier par modification des glandes surrénales, du thymus, des organes lymphatiques.

Si le stimulus persiste, on entre dans la phase de résistance ou d’adaptation car aucun organisme ne peut rester longtemps dans cet état trop coûteux en énergie.

HautRevenir en haut de la page
La phase d'adaptation ou de résistance

L’organisme va "organiser sa défense". Il se concentre sur l’essentiel : survivre.

Il mobilise ses réserves énergétiques pour augmenter sa capacité de résistance grâce au système neuro-endocrinien ; il accepte de fonctionner en "surrégime" avec bien sûr des risques liés à cet état : hypertension artérielle, ulcère gastrique, asthme, infections…etc

L’organisme devient de plus en plus sensible à tout autre agent stresseur même minime qu’il aurait bien supporté auparavant. Si le tableau persiste survient la phase d’épuisement.


HautRevenir en haut de la page
La phase d'épuisement

Cette étape marque la faillite des possibilités d’adaptation de l’organisme. Cette phase se traduit par le même tableau qu’à la phase aiguë de façon plus ou moins rapide pouvant conduire à la mort ou à la survenue d’une maladie organique.

Ce double système de régulation et d’adaptation (système sympathique et axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien) qui correspond à la conception biologique du stress s’est enrichi ces dernières années par la confirmation du rôle complexe du cerveau.

HautRevenir en haut de la page
LE CERVEAU ET LE STRESS : QUELQUES NOUVEAUTES

Il est connu depuis longtemps que le cerveau est un organe secrétant de très nombreux neurotransmetteurs dont la connaissance s’affine d’année en année. A côté des amines endogènes (dopamine, noradrénaline, sérotonine) ou des acides aminés (GABA, glutamate), les neuropeptides prennent de plus en plus d’importance (CRH, bradykinine, vasopressine, endorphines, opioïdes et d’autres comme le neuropeptide Y de découverte plus récente).

Toutes ces substances secrétées par le cerveau sont indispensables et jouent un rôle dans de nombreuses circonstances : la faim, la soif, le plaisir, l’anxiété. Elles auront pour la plupart d’entre elles plusieurs types d’action. Ainsi par exemple, le neuropeptide Y va jouer un rôle dans la diminution de l’anxiété, ce qui est bénéfique à court terme, mais en même temps il favorisera l’obésité, l’augmentation du cholestérol, la survenue de l’athérome, l’épaississement des parois artérielles ce qui est néfaste à long terme. Il est également impliqué dans la régulation de protéines inflammatoires, les interleukines et dans la modulation des cellules immunitaires.


HautRevenir en haut de la page
CONCLUSION

Toutes ces réactions biologiques complexes permettent à l’être humain de s’adapter dans la vie. Elles ne deviennent néfastes que lorsqu’elles sont inadaptées par excès quand je veux absolument poursuivre la lutte trop longtemps (stress chronique) ou au contraire par défaut si je ne cherche même plus à lutter et que je me sens dépassé par la moindre petite adaptation à réaliser (dépression). Cette phase de dépression est souvent la conséquence d’un stress chronique qui a provoqué un épuisement de certaines zones cérébrales en particulier l’hippocampe au niveau du cerveau amygdalien.

HautRevenir en haut de la page

Prenez soin de vous

MEDITAS - Retour au sommaire
Retour à l'accueil